You are my father's daughter. ft. Kim Courtney

You are my father's daughter.

Courtney et BoRa

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Peut importe à quel point on est résistant. Un trauma laisse toujours une cicatrice. Ça nous suit chez nous, ça change nos vies. Les traumas perturbent tout le monde mais c'est peut être le but. La douleur, la peur et tout le reste. Peut-être que traverser tout ça, c'est ce qui nous fait aller de l'avant, ce qui nous pousse. Peut être qu'on doit être un peu amoché avant d'être à la hauteur. Oui. Il y a deux sortes de gens. Il y a ceux qui paniquent et qui fuient et il y a ceux qui se dépassent, ceux qui se montrent à la hauteur de la situation, ceux qui dépassent leurs peurs, leurs doutes et leurs faiblesses, ceux qui font ce qu'il faut au moment où il faut le faire et qui le font bien, ceux qui trouvent la force de repousser les limites et de lutter jusqu'au bout. Je parle de cet instant là maintenant pas de ce qu'il s'est déjà passé ni de ce qui pourrait arriver plus tard, je parle de maintenant, de nous deux, d'elle et moi, maintenant, tout de suite, ici, et il va falloir que je prenne une décision, c'est le moment de choisir, le moment de décider quel genre de personne je suis. C'est le moment et j'espère que j'aurais assez de force pour me dépasser.

- Mademoiselle Kim !

Entendre ce nom, si commun, ne me faisait rien jusqu'à maintenant. Mais lorsque j'interpelle cette élève, arrivée cette même année, cela me fait quelque chose. Elle n'est pas n'importe qui, après tout. Je suis sortie de ma salle de classe, à la suite de mes élèves et je l'ai interpellé pour une raison bien précise. Je laisse les autres élèves partir et ne retiens qu'elle dans les couloirs sombres du sous-sol. Maintenant que je suis au courant, maintenant que j'ai pris quelques jours pour me remettre de mes émotions, il est temps que je lui parle. Il est temps que nous ayons une conversation. Entre soeurs, n'est-ce pas ? Je déglutis. Cette idée me fait encore très mal au coeur. La trahison de mon père est difficile à digérer. Enfin, je devrais plutôt dire, la trahison de notre père.

- Je crois qu'il serait temps que l'on parle, toi et moi... Je sais qui tu es. Et tu sais également qui je suis... N'est-ce pas ?

Ce n'est pas sa professeur qui parle, à cet instant, mais bel et bien Bo Ra, la personne, la jeune femme que je suis au fond de moi.

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Courtney et BoRa

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La vie à Poudlard en Corée est bien différente de celle que je connaissais en Écosse. J’ai encore un peu de mal avec la langue et aussi avec les autres élèves. Certains verraient ce déménagement, ce changement de vie, comme une nouvelle chance, un nouveau départ. Comme si je pouvais laisser la disparition de mon frère et la mort de ma mère en Angleterre et tout recommencer à zéro ici. De mon côté, j’ai préféré voir ça comme la continuité de ma vie dans mon pays natale. Je ne parle à personne et personne ne vient me trouver. On doit me voir comme une étrangère, pas seulement parce que je viens d’un autre pays mais aussi et simplement parce que je suis étrange.
Enfin, je sors de la salle de classe. Je sors de mes pensées, de mes réflexions intenses qui m’ont complètement déconnectée du cours. Je n’ai jamais été très assidue mais je le suis de moins en moins. Toujours au fond de la classe, installée seule à un banc, il me faut un peu de temps pour comprendre que la professeure a annoncé la fin du cours. Je lui jette un coup d’œil, je sais qui elle est mais je ne sais pas si elle sait qui je suis. Je rassemble rapidement mes affaires, pas vraiment prête à un face à face avec elle, et sors de la classe comme tous mes camarades. Mais une voix m’interpelle.
Je me retourne et constate que c’est notre professeure qui m’a retenue. Je la regarde alors qu’elle s’approche de moi et je pince les lèvres. Je pensais que si je n’allais pas la voir, elle ne viendrait pas mais je me trompais de toute évidence. Elle ne semble pas à l’aise, j’imagine que ça ne doit pas être très agréable de rencontrer la fille de l’adultère de son père. Nous nous retrouvons seules dans le couloir, en quelques minutes déjà vide, et je reste silencieuse. Peut-être qu’elle pense qu’on peut former une famille mais j’ai perdu toute la famille que j’avais.

-Oui je sais qui vous êtes. Votre père me l’a dit.

Je ne sais pas quoi dire, c’est exactement pour cette raison que je n’ai pas été la trouver plus tôt, et aussi parce que je n’ai pas envie de sympathiser avec mes profs. Je suppose qu’elle veut qu’on ait une conversation, peut-être qu’elle veut qu’on devienne sœurs.

-Désolée d’arriver comme ça dans votre vie. Si vous préférez faire comme si je n’existais pas, ça ne me dérange pas…

Je la regarde sans sourire, j’ai perdu celui-ci à force de perdre ceux que j’aime. Je ne sais pas ce qu’elle attend de moi, je ne sais pas non plus ce que j’attends d’elle, peut-être que j’aurais préféré reporter éternellement cette conversation avec elle.

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Lorsque l’on meurt ou que l’on souffre d’une horrible perte nous traversons tous cinq étapes de la peine. On passe par le déni car la perte n’est pas envisageable, on ne peut imaginer que c’est réel. On s’énerve contre tout le monde, contre les survivants, contre nous-même. Puis on trouve un arrangement, on supplie, on implore, on offre tout ce qu’on a, on offre nos propres âmes en échange d’un jour de plus. Quand les négociations échouent la colère est difficile à contenir, on tombe dans la dépression, le désespoir, jusqu’à ce qu’on accepte finalement que l’on a tout tenté. On abandonne. On abandonne et on accepte. Le chagrin peut être une chose que l’on a en commun mais il est différent pour tout le monde. Il n’y a pas que la mort dont on fait le deuil, de la vie, d’une perte, d’un changement. Et on se demande pourquoi ça bloque autant parfois, pourquoi ça fait tant de mal mais la chose dont on doit se souvenir c’est que ça peut changer. C’est comme ça qu’on reste en vie, quand ça fait si mal, qu’on ne peut plus respirer, c’est comme ça qu’on survit. En se rappelant, qu’un jour, qu’en quelque sorte, vous ne le ressentirez plus de la même manière, ça ne fera plus aussi mal.

Le chagrin vient à chacun en son temps, de sa propre manière. Alors le mieux que l’on puisse faire, le mieux que chacun puisse faire est de recourir à l’honnêteté. Le truc vraiment merdique, la pire partie du chagrin est que vous ne pouvez le contrôler. Le mieux que l’on puisse faire est d’essayer de laisser nos sentiments quand ils viennent. Et les laisser partir quand on peut. La pire chose c’est qu’à la minute où vous pensez l’avoir surmonté, ça recommence. Et toujours, à chaque fois, vous ne pouvez plus respirer. Le chagrin comporte cinq étapes. Elles nous semblent à tous différentes, mais il y en a toujours cinq : le déni, la colère, les négociations, la dépression et, enfin, l’acceptation. Oui. Elle me répond et je sens qu'elle est froide envers moi. Quoi de plus normal. Je n'ose pas créer un lien quelconque avec elle. Nous avons perdu beaucoup elle et moi. De ce que j'ai compris dans la lettre, un frère et une mère. Bien que son frère... Notre frère... ne soit que disparu. Et je dois bien avouer qu'une raison de ma discussion actuelle avec elle est cette perte familiale. Nous avons du passer par le deuil, toutes les deux. Et peut-être que cela pourra nous aider à nous rapprocher. Ne serait-ce qu'un peu ?

- Je ne peux pas faire comme si tu n'existais pas. D'une, parce que tu es mon élève. Et de deux, parce que tu es la fille de mon père. Ma mère m'a élevé mieux que ça... Tu comprends ?

Je lui souris, doucement. Oui, il y a une sorte de malaise entre nous. Quoi de plus normal. J'apprends qu'elle est le fruit de l'adultère de mon père. Elle rencontre celle qui a eu l'amour du père absent qu'elle n'a jamais eu. Qui ne serait pas mal à l'aise ?

- La question est de savoir ce qu'il en est, pour toi.. ?! Si pour le moment, tu préfères que je reste simplement ta professeur de potions et que l'on ne parle de rien d'autre, je respecterais ton choix !

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Les relations humaines sont toujours compliquées. Même si elles devraient être évidentes, ce n’est jamais le cas. Les parents ne s’entendent jamais parfaitement avec leurs enfants, deux amants peuvent toujours trouver sujet à disputes, des frères et sœurs sont les premiers à se chercher des poux. L’équilibre d’une relation est tellement précaire, si fragile et si effrayante. Il suffit d’un drame, un pas de côté, pour que tout bascule. Nous sommes tous des funambules, soutenus par les autres qui nous sauvent comme ils peuvent être la cause de notre chute. Nous pouvons marcher, courir, tomber et nous rattraper à cette corde, cela dépend de notre caractère. Jamais la corde ne se brise, parce que les autres ne disparaissent jamais. Ils peuvent s’absenter quelques temps, le temps d’une dispute, d’une dépression, le temps de rencontres d’autres personnes pour nous soutenir. Ce temps-là est le pire parce qu’il est celui de la chute, celui de la solitude. On espère se rattraper le plus vite possible à la corde pour grimper dessus et recommencer à marcher jusqu’à une nouvelle chute, inévitable.

De mon côté, j’ai appris à aimer cette chute, à aimer sa lenteur, son silence et cet apaisement qu’elle apporte. Quand je tombe, je ne peux plus avoir peur parce que je ne dépends plus d’une corde. Je trace un chemin qui n’est pas guidé par ceux qui m’entourent, je ne suis pas forcé, pas après pas, à suivre un fil tendu vers un avenir parfaitement imparfait. Qu’il y a-t-il de plus effrayant que l’incertitude ? Ne jamais savoir combien de temps la corde va tenir, combien de temps avant qu’un pied ne glisse et qu’on tombe à nouveau. Quand on y réfléchit, la chute est plus douce, plus belle et ironiquement, celle-ci ne nous laisse jamais tomber. J’ai été naïve dans le passé, je pensais que la corde sur laquelle je m’avançais sans crainte ne me laisserait jamais, j’étais persuadée qu’elle soutiendrait toujours mes pas où que j’aille. Naïve je l’étais mais j’ai appris de mes erreurs.

La femme qui est en face de moi se présenterait presque comme une bouée de sauvetage, une corde à laquelle je pourrais m’accrocher. C’est pour ça que je me montre si froide, c’est une question d’habitude. Je n’ai rien contre elle, je n’ai jamais rien contre personne mais je préfère être seule. Si l’amitié est traitre, la famille l’est encore plus. Elle prétend qu’elle ne peut pas faire comme si je n’existais pas et j’ai un léger doute là-dessus, son père n’a jamais fait quoi que ce soit pour nous si ce n’est m’arracher mon frère. Pourquoi ne me déteste-elle pas ? Je suis la fille d’une trahison dans sa famille, je me détesterais si j’étais à sa place. Pourtant, justement parce que je suis la fille de son père, elle ne semble pas éprouver de rancœur envers moi. Elle me sourit mais ce n’est pas très naturel. Rien n’est naturel dans cette conversation et elle le sait autant que moi. Qui rencontre sa sœur pour la première fois après 22 ans ? Elle me demande alors ce qui en est pour moi et je plonge alors à nouveau mon regard dans le sien. Nous n’avons rien en commun, que ce soit physiquement ou mentalement. Elle a eu une éducation que de toute évidence je n’ai pas eu et si ce n’est la couleur de nos yeux que je cache derrière des lentilles, nous ne nous ressemblons pas du tout.

-Je ne sais pas. Je n’ai jamais envisagé ce que je ferais si je découvrais que j’avais une demi-sœur. Je pensais que je n’aurais pas à y réfléchir, je pensais que vous me détesteriez.

Je réponds à son sourire mais comme elle, je ne suis pas à l’aise. Comme elle, je préférerais être partout sauf ici. Ça fait si longtemps que je n’ai plus discuté avec quelqu’un, c’est peut-être pour cette unique raison que je ne coupe pas court à notre conversation. Je la regarde dans un silence pesant, un silence qui me donnerait envie de fuir cette situation compliquée.

-Je ne sais pas de quoi on pourrait parler, on ne se connaît même pas… Est-ce que vous êtes venue me parler juste parce que nous avons un lien de parenté ou parce que vous vouliez me parler de quelque chose en particulier ?

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Il est évident que la situation dans laquelle on se trouve est très compliquée. Aussi bien elle que moi, nous ne souhaitons pas trop être là. L'une en face de l'autre. Autant nous n'avons pas de grande envie d'en parler mais finalement, au fond de nous, nous avons des questions sans réponses. Du moins, moi j'en ai. Et je ne pouvais pas rester une journée de plus à faire comme si Courtney n'était rien d'autre qu'une élève pour moi alors que c'est faux. Alors, oui, elle est la fille cachée de mon père. Oui, elle est le fruit de son adultère. Mais malgré cette trahison insoutenable, elle devient ma sœur. Moi qui étais si seule depuis le décès de mon frère. Encore plus depuis le décès de ma mère. Je me retrouvais avec une soeur. Elle est peut être la pièce manquante pour que j'ai, à nouveau, la sensation de posséder une famille. Bien qu'elle sera recomposée celle-ci.

- Si j'ai décidé de venir te parler, c'est pour justement apprendre à te connaître... C'est justement pour te parler de tout ça... C'est un sujet important pour moi. Tu es la fille de mon père. Moi qui étais fille unique depuis le décès de mon frère, je me retrouve avec une soeur. Et si j'ai bien compris ce que mon père m'a dit, tu as même un frère jumeau... J'ai donc également un frère. Je sais que c'est compliqué... Ça vient de nous tomber dessus et je t'avoue que je n'étais absolument pas prête pour une telle annonce. Je sais également ce qui est arrivé à ta mère et j'en suis profondément désolée. J'ai également perdue la mienne... Je ne dis pas que cela devrait nous rapprocher mais... Je veux simplement avoir une chance de te connaître et de connaître ton frère... Et peut être que dans un futur plus ou moins lointain, nous pourrions bien nous entendre et reformer une famille que nous avons perdu toutes les deux...?!

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Courtney et BoRa

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Je n’aurais jamais été vers elle, l’idée d’une conversation entre nous me semblait complètement loufoque. J’y avais pourtant parfois pensé, pendant les cours qu’elle donne à ma classe, et il n’en ressortait rien de positif dans ma tête. Je ne comprends pas comment elle pourrait se passer bien, le malaise est palpable entre nous. C’est elle qui est venue à moi, mettant fin à mes interrogations. Dommage, je n’aurais plus de sujet de préoccupation pour me distraire pendant les cours… Elle veut apprendre à me connaître, c’est donc pour ça qu’elle est venue vers moi et qu’elle a fait le premier pas. Elle parle de mon frère et je détourne le regard, elle touche plusieurs points sensibles en abordant le sujet de la famille. Je me referme un peu plus sur moi-même et croise les bras en baissant les yeux.

-Si je suis venue ici, c’est justement pour retrouver mon frère. Il nous a abandonné ma mère et moi pour partir à la recherche de notre père. De votre père.

Je n’ai pas changé de pays pour avoir une nouvelle famille mais pour retrouver celle que j’ai perdue. Il est vrai que nous avons de points communs mais ils ne me semblent pas positifs. Elle me considère comme sa sœur, je pourrais la corriger puisque nous ne sommes que demi-sœurs mais je me contiens. C’est plutôt étrange, cette situation est comme contre-nature. Je suis contre-nature finalement, une erreur qu’elle doit sûrement mal digérer auprès de son père. Pourtant, elle me propose à moi de recomposer une famille. J’ai du mal à comprendre ses sentiments mais il faut avouer que je n’ai plus pu ressentir ce genre de choses depuis que j’ai perdu ma mère.

-Je ne pense pas pouvoir remplacer ce que votre frère était pour vous comme vous ne pourrez pas remplacer mon jumeau. Je ne sais pas quoi vous dire… La situation est très difficile pour moi, je suis venue retrouver mon frère et je trouve une sœur qui en plus est ma prof. C’est un peu compliqué d’imaginer qu’on pourrait tout se dire autour d’un repas chaud.

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J'appréhendais, en quelque sorte, la réaction qu'elle pourrait avoir. Je lui demandais de me tendre la main et d'accepter une possible union afin que l'on puisse reformer une famille. Tous ensemble. J'ignore même si cela est réel. Est-ce que je le souhaite réellement ? Je ne le sais pas mais j'ai comme l'envie d'y croire, comme l'envie de le lui proposer. Comme si cette ouverture d'esprit allait m'aider à aller mieux et à avancer. J'avais cette sensation d'être mise sur pause depuis le décès de mon frère et celui de ma mère. Mais l'idée d'avoir des frères et soeurs qui m'étaient jusque-là cachés réveille un sentiment d'espoir. Je ne peux le nier, comprendre comment ont-ils été conçus, cela me fait du mal. Savoir que mon père trompait ouvertement ma mère est douloureux. Je lui en veux. Oui, énormément. Je ne veux même pas le revoir ni même entendre ses excuses. Je n'en ai que faire. Et si, au début, je prenais celle qui se tient devant moi, pour responsable également, je me rends finalement compte que je m'étais trompée. Elle n'y est pour rien. Elle aussi a souffert des erreurs et du double jeu de mon père. De notre père. Je n'étais pas la seule à mal vivre la situation et c'est pourquoi mon coeur s'est apaisé et que j'ai eu l'envie d'aller vers elle.

- Je comprends... dis-je, avant de laisser échapper un petit rire. Il est vrai que la situation est plus que complexe. Mais avant d'être professeur, j'étais élève dans cette école. Pas plus tard que l'année dernière. Et je sais faire la différence entre mes relations professeurs-élèves et mes relations privées lorque je ne suis plus obligée d'occuper mon poste.

Je lui souris doucement puis entends quelques voix s'élever du fond du couloir. Ma classe suivante arrive, cela ne fait aucun doute.

- Je ne te force à rien. Prends le temps qu'il te faut. Saches seulement que lorsque tu en auras envie ou lorsque tu te sentiras prête, je serais là et je serais ravie d'aller échanger avec toi autour d'un bon repas chaud. Et non pas en tant que ta professeur !

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Courtney et BoRa

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Kim Bo Ra est une prof très appréciée par les élèves, souvent la préférée (si c’est vraiment possible d’avoir un prof favori). C’est évident que tout ce que nous avons en commun, c’est notre nom de famille. Je n’ai pas sa bonté, son sourire, tout ce qu’elle a réussi à garder malgré la perte de son frère et de sa mère. Elle m’explique qu’elle arrive à faire la différence entre ses relations professionnelles et privées et je hoche la tête, me demandant si dans l’avenir nous sommes plus proches, elle arriverait à faire comme si on ne se connaissait pas en donnant cours à ma classe. Des voix se font entendre et je devine qu’on a passé toute la pause à parler de notre étrange famille. Toujours avec sa gentillesse qui n’a de toute évidence aucune limite, elle me propose de prendre mon temps tout en me faisant comprendre qu’elle sera là pour moi si j’en ai besoin. Je me force à sourire, réflexe que j’ai perdu depuis quelques années déjà, mais je n’ai pas envie de la remballer alors que ses intentions me touchent presque. Voilà des années que mes relations sociales se rapprochent du néant puisque ma réputation à mon ancienne école était si mauvaise que personne ne voulait m’approcher. Ici, on ne me connaît pas et tout le monde se moque de qui j’ai pu être.

-D’accord je… J’y réfléchirais… Merci ?, hésitais-je un peu avant de voir des élèves arriver dans le couloir, Je vous laisse avec votre classe… Bonne journée.

Je m’éloigne d’elle en ne sachant pas vraiment comment je dois m’en aller, je ne suis pas très à l’aise mais je lui suis encore moins quand nous attirons les regards curieux de quelques élèves. Je ne me fais pas davantage prier pour tourner les talons et partir en direction de ma prochaine classe. Je ne sais pas ce que je ferais de cette conversation, me demandant si j’en ferais vraiment quelque chose ou si je préfère ne rien avoir avec elle.

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