Equipe 3 : Wang Yeo, Han Byul, Kim Courtney

Byul venait de passer une horrible journée et ça en devenait presque une habitude. Depuis les articles postés sur Hogwarts Busted, les bruits de couloirs se faisaient plus ouvertement et le bourdonnement dans les oreilles de la jeune fille ne cessait que rarement. Elle avait tenté de passer au-dessus mais avait conclu, après quelques jours, qu'elle n'était peut être pas encore assez forte pour ça. Bien évidemment, ses performances à la soirée du nouvel an lunaire n'avaient pas aidé au niveau des rumeurs mais ça, elle s'y attendait. Elle avait juste eut besoin de les faire.

Dès le matin elle avait eut le droit à un face à face avec une troisième année qui était sortie de nulle part et l'avait traitée de briseuse de couple. Byul, de nature très pacifiste, avait dû se retenir pour ne pas la frapper au visage. Et ce n'était que le début puisque quelques heures plus tard, un type inconnu au bataillon la dérangea dans sa lecture près du lac pour lui annoncer que si Il Sun ne voulait pas d'elle, il se porterait volontaire pour la "satisfaire". Cette fois-ci Byul ne put se retenir de lui mettre un grand coup au visage avec son bouquin. Ironique de se prendre un coup par "L'art de la guerre" de Sun Zi.

Après un bref passage dans le bureau du directeur, elle s'était ensuite réfugiée dans la bibliothèque, où elle fut encore une fois dérangée. Patronus du directeur. Elle devait se rendre à la tour d'astronomie. Elle jura que si c'était ce pleurnichard avec ses avances bidons elle le jèterait du toit avant de se rendre au sixième étage à contre-coeur.

Sur place, personne à part sa colocataire, Courtney, et une note, posée sur une table basse. "Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité.." Murmura la jeune fille, soudainement plongée dans l'obscurité. Quel beau parallèle avec sa situation actuelle. Peut être que si elle n'avait pas été dans la lumière, l'obscurité ne lui poserait pas problème.

J'étais assez indécis quant à la décision de l'école. Cet événement bien qu'étonnant et nouveau me rendait assez perplexe. Qu'allaient penser nos élèves ? Pouvoir participer à notre échelle à L'Earth Hour était un bon moyen pour nous mais aussi pour nos élèves de nous rendre compte de beaucoup de choses, c'est certain. C'est un appel à l'initiative du World Wildlife Fund. C'est une mobilisation planétaire et nous devrions être fiers de pouvoir y participer. Il s'agit, simplement, de plonger la terre dans le noir durant 1h, pour participer symboliquement à la lutte pour la défense de l’environnement et contre le réchauffement climatique. Mais certains de nos élèves risquent d'être assez réticents. Plusieurs milliers de villes à travers le monde participent à l'Earth Hour, éteignant ainsi leurs bâtiments et monuments : le Harbour Bridge de Sydney, les pyramides d’Égypte, la Tour Eiffel, Times Square, Shanghai Tower, Victoria Harbour à Hong Kong... Et désormais, notre école fera partie de la longue liste. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'était même réjoui que l'Earth Hour « [utilise] ces 60 minutes d'obscurité pour aider le monde à voir la lumière ». Cependant, étant un moldu, il ne saura jamais que notre école de sorciers suit le mouvement devenu si populaire depuis quelques années.

Il était temps pour moi de rejoindre mon groupe. Nous avions coupé toute source de lumière artificielle. Y compris la possibilité pour les élèves d'utiliser des sortilèges pouvant éclairer leur chemin. Il était temps de ne faire plus qu'un avec notre environnement. Bien que je le sois depuis quelques années, maintenant. Le fait d'être aveugle m'habitue déjà à l'obscurité au quotidien. Il ne sera donc pas difficile pour moi de guider et de soutenir mon équipe. Ils pourraient, cependant, ne pas apprécier le fait d'avoir le médecin aveugle comme superviseur. Je rejoins, alors, la tour d'astronomie et le moins que l'on puisse dire, est que l'accueil que l'on m'y réservait était quelque peu déstabilisant. Je sentais, très clairement, le manque de motivation de part et d'autre. Elles ne semblent pas dans les meilleures conditions pour apprécier l'activité. Cela commence bien...

- Avez-vous lu la note ? demandais-je, dans un premier temps. Cet événement est en lien direct avec ce qu'on appelle dans le monde, l'Earth Hour. Toutes lumières sont supprimées sauf la lumière naturelle de la lune. Lumos, les lampes et autres moyens d'éclairage ne fonctionneront pas le temps de la course d'orientation. Aidez-vous de vos sens. De tous vos sens. Il est important pour nous, sorciers, de pouvoir nous repérer et de pouvoir nous déplacer en toute sécurité dans le noir. Y compris si l'on vient à perdre notre baguette. Voyons-voir si vous êtes capable de vous repérer dans un lieu que vous connaissez depuis quelques années, ou quelques mois, même si votre vue est réduite. Allons-y !

Ce discours n'est pas le mien mais on a insisté pour que je le dise. Voilà. C'est chose faite. Il était assez étrange pour moi de parler aussi ouvertement des sens et de pouvoir palier le manque de vision. Mais je n'ai pas vraiment le choix. Je m'écarte, alors, des escaliers tout en leur faisant signe de commencer à descendre. La course d'orientation commence.  

Byul fut soulagée d'être accompagnée de Courtney pour cette expérience. Au moins elle n'avait pas à être accompagnée d'un ou d'une étrangère. C'était moins stressant ainsi. Et un sourire se forma sur son visage quand elle vit le professeur de médicomagie arriver. Elle n'avait pas eu l'occasion de l'avoir en cours en tant que professeur mais elle l'avait déjà rencontré quelques fois à l'infirmerie, après de petites blessures et un burn-out à cause de la gazette et du stress constant qu'elle vivait.

Cependant être accompagné de lui était une véritable chance pour les deux jeunes filles puisque c'était le seul professeur qui savait déjà se débrouiller dans l'obscurité, vu sa cécité. Le petit groupe allait sûrement atteindre la Grande Salle sans trop de problème.

Professeur Wang leur offrit le petit discours qui avait sûrement été distribué à tous les professeurs puis lança la marche. Byul le suivit de près, réalisant bien trop rapidement à quel point ça pouvait être difficile de se débrouiller sans la vue. Elle se rappela aussi que jamais elle n'avait vu le professeur rentrer dans un objet ou tomber à cause de son problème, et fut ainsi prise d'une soudaine admiration pour lui.

Elle atteint la porte qui liait la salle au couloir avec beaucoup de difficulté et sans pouvoir éviter de se cogner quelques fois contre des tables et le mur. Une fois devant la porte, elle se tourna vers sa colocataire et s'assura qu'elle était bien derrière elle.

- C'est sacrément difficile quand même.. Murmura-t-elle à l'attention de ses deux compagnons.

Elle se tourna ensuite vers le professeur, et hésita un instant avant de demander :
- Comment est-ce que vous faites, professeur ? Comment l'ouïe et les autres sens peuvent vous aider dans une situation pareille ? Je ne me souviens pas vous avoir déjà vu en difficulté à cause de vos yeux...

Elle espérait ne pas le mettre dans une situation délicate mais était vraiment curieuse. Maintenant qu'elle le vivait elle se rendait compte de l'exploit que c'était d'arriver à mener une vie normale, et encore plus, pratiquer la médicomagie, sans pouvoir utiliser la vue.  

Alors que je pensais pouvoir vivre cette nouvelle expérience en tant que professeur assez rapidement, je me rendis vite compte que cela n'allait pas être possible. Les élèves semblaient avoir bien du mal et je ne savais quoi faire ni même quoi leur dire pour les encourager à se surpasser et surtout à faire attention à ce qu'il pouvait se passer autour d'eux. C'est alors que j'entendis une élève m'interpeller et me poser quelques questions. C'était assez logique qu'elle me les pose. Elle ne l'aurait pas fait, un autre élève l'aurait fait à sa place. C'était évident. La curiosité était normale et j'avais fini par l'accepter.

- Tout est une question de perception et d'attention, jeune fille. Dis-je, en souriant doucement. Bien que personne ne puisse s'en rendre compte. Concentrez-vous et essayez de détecter ce qu'il se passe autour de vous. Une odeur. Un son. Un mouvement plus ou moins proche. Une présence humaine. C'est la base. Puis, à force, de capter ce qui vous entoure, vous pourrez apercevoir sans même ouvrir les yeux, les murs et obstacles de la vie quotidienne. Au fur et à mesure que je parle, je les invite à poursuivre leur marche. C'est très difficile au début, croyez-en mon expérience. Mais avec de la volonté et de la patience, on y arrive. Très certainement que mon âge et ma sagesse m'ont également aidé.

J'esquisse un sourire plus amusé et plus franc. Toujours dans l'obscurité la plus totale et donc le secret le plus profond. Si mes élèves semblaient pour la plupart perdus, je distinguais parfaitement leur emplacement tout autour de moi. Il était de mon devoir de les guider et de les protéger. Aveugle ou non.