U & I ft. Song Vaiana

Nous avons tous des secrets que nous gardons cachés aux yeux du monde. Des amitiés que l’on prétend… Des relations que l’on cache… Mais les plus dangereux secrets qu’une personne puisse déterrer sont ceux qu’on garde en nous… Je regarde tout autour de moi. Pas mal de monde. Pas mal de personnes. Je souris doucement. C'était un bon moment. Un bon souvenir. Mais, désormais, je dois penser à la raison de ma venue. Le pourquoi du comment. Oui. Pourquoi suis-je ici ? Pour fuir ces miséreux. C'est n'importe quoi. Je l'accorde. Mais me voilà.

Tout comme il y a deux versions à chaque histoire, il y a deux versions à chaque personne. Une version que nous révélons au monde et l’autre que nous gardons cachée… Une dualité gouvernée par l’équilibre de la lumière et de l’obscurité. Chacun de nous a la capacité d’accomplir le bien et le mal mais ceux qui sont capables de brouiller la ligne de division morale détiennent le vrai pouvoir. Je possède beaucoup de pouvoir. Je l'ai appris et l'ai développé pendant mes années d'études. Pendant ce tour du monde exceptionnel. Et je suis fière d'en être arrivée là. Mais je continue d'avoir besoin d'aide. Je continue d'avoir besoin des autres. Des élèves pouvant m'aider à faire éclater ma colère. Des élèves pouvant m'aider à développer davantage ma puissance magique. Avant qu'il ne soit trop tard. Sans eux, mon pouvoir ne serait qu'à la moitié de sa possibilité.

- Te voilà ! dis-je, en souriant, en allant enfin parler à celle que j'attendais. As-tu réfléchi à ma proposition ? Tu es partante ?

Quand j’étais enfant mon idée de la vengeance se limitait à quelques proverbes comme « Ne fais pas de mal aux autres » et « La violence n’est pas une solution ». Or la violence n’est jamais une solution car elle n’égale jamais celle d’autrui. Contre la véritable souffrance on ne trouve satisfaction que de deux seules manières : le pardon absolu ou la vengeance mortelle. Mon histoire n’est pas une histoire sur le pardon. Quand tout ce que vous aimez vous a été enlevé parfois il ne reste que la vengeance. Ce n’est véritablement pas une histoire sur le pardon. Je ne connais pas ce mot. Et pour me venger, je suis prête à tout. Quitte à tuer ? Qui sait réellement ce qui se passe dans ma tête ?

- Je suis certaine que nous allons former une sacrée équipe, toi et moi. Es-tu prête à devenir l'une des sorcières les plus célèbres de cette école, Vaiana ?
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Je repensais sans cesse à ce que j'avais entendu. Si en temps normal, les critiques me passent au dessus, cette fois c'était différent. Que l'on me critique personnellement passe encore. Je peux ne pas plaire ou rendre jalouse certaines filles. Je le comprends et je le conçois. Mais que l'on vienne critiquer l'école où j'ai étudié et grandi... Là, ça ne passe pas. Je ne comprenais toujours pas pourquoi elle est autant critiquée à travers le monde. Notre seule différence est de pratiquer la magie sans baguette. Je ne vois pas en quoi cela fait de nous des sorciers malfaisants dont on doit se méfier. Nous ne faisons rien de mal. Les grands de ce monde sont simplement apeurés car ils font face à de jeunes sorciers dont les pouvoirs dépassent les leur. Ils ne savent pas comment affronter de tels sorciers, voilà quel est le problème. Ils ne comprennent rien à la magie. Quiconque souhaite devenir puissant devrait se surpasser. C'est vrai, à quoi bon apprendre avec une baguette, retenir les formulations et les gestes à faire en même temps, alors qu'il suffit d'un claquement de doigts pour faire jaillir des flammes ? Ce n'est pas, pour autant, la puissance qui m'intéresse. Le pouvoir... J'en ai. Je n'ai pas besoin d'en posséder davantage. Cette forme de magie, ma magie, est unique. Et elle me permet d'être libre. Sans être surveillée sans cesse. Ils peuvent très bien mettre un suivi de sortilèges sur les baguettes mais ils ne peuvent rien contre nous si nous n'utilisons que nos doigts. Ainsi, nous sommes libres. Et il faudrait que bon nombre de sorciers s'en rende compte. Surtout dans cette école. Insulter Uagadou est une honte. Et je ne compte pas laisser passer ça !

- J'aimerais que l'on marque le coup par quelque chose de grand... Que tout le monde en parle pendant des semaines ! dis-je, finalement, avant de regarder Vaiana dans les yeux. Je veux que chaque sorcier de cette école sache ce qu'il en coûte de critiquer Uagadou.

Je suis sérieuse. Peut-être même un peu trop... Mais comment pourrais-je faire, pourrais-je être autrement ? Cette école est devenue ma maison. Ses élèves et professeurs, ma famille. Ils m'ont sauvé, nourri, élevé et protégé pendant de très longues années. Je ne peux pas les abandonner. Et tant pis si me venger de la sorte peut paraître puérile. Je n'ai que 20 ans. On ne peut pas me demander d'être aussi mature que nos professeurs. D'autant plus qu'avec... Je regarde un court instant la montre se trouvant mon poignet. Oui... D'autant plus qu'avec ma maladie, je n'en ai que faire que l'on me trouve puérile. Je vis. Et seulement ça.

- As-tu une idée ? Je pensais les transformer en vers... dis-je, avant de claquer mes doigts. Mais c'est d'un basique... Et puis, c'est du vu et du revu...

J'étais contente de pouvoir compter sur Vaiana. On ne se connaissait pas depuis longtemps, c'est vrai mais le fait de partager la même chambre nous a vite rapproché. Je ne dirais pas non plus que nous sommes les meilleures amies du monde, mais je la considère tout de même comme une amie de confiance. Une partenaire sur qui compter. Aussi bien pour m'amuser que pour me venger. Et cela me faisait un bien fou de me dire qu'il y avait une telle personne dans cette école. Même si notre amitié est parfois, un peu, étrange du fait que nous aimons toutes les deux commander et être sur le devant de la scène ; nous formons une belle et solide équipe. Et très bientôt, l'école entière nous prendra au sérieux et comprendra qu'il ne vaut mieux pas nous avoir comme ennemies.

- Oui, tu as raison.

Je me mets, alors, à chercher l'idée du siècle. Nous nous perdons, très rapidement, dans nos pensées. Toutes les deux. Je me dis alors que l'on pourrait leur bloquer la langue afin qu'ils ne puissent plus parler pour un temps. Ou alors, on pourrait les forcer à s'agenouiller devant nous afin de demander pardon et ainsi les ridiculiser mais aussi atteindre leur fierté. Ou mieux, nous pourrions carrément les rendre muets à vie.

- Et si on leur découpait la langue ? dis-je, finalement, en regardant dans le vide. Je souris en coin. Ils ne pourraient plus jamais parler en mal de quelqu'un ou de quoi que ce soit d'autre.

Elle me dit que l'on ne peut pas faire ça et je soupire légèrement. Je la laisse poursuivre et sa remarque sur le fait de finir renvoyée ou en prison me fit sourire en coin.

- L'un ou l'autre ne me dérangerait pas... murmurais-je, sans savoir si elle serait en mesure de m'entendre.

Je me sentais bizarrement, soudainement, et je compris que mon cœur risquait de faire des siennes. Je ferme les yeux un court instant. Ma maladie a toujours été un frein dans mon quotidien, elle le restera jusqu'à mon dernier souffle, quoi que je puisse faire pour contrer ça. J'avais consacré le plus clair de ma vie à m'efforcer de ne pas pleurer devant les gens qui m'aimaient. Plus particulièrement devant mes professeurs et mes chères amies. Ils avaient tous si peurs pour moi. Et lorsque nous sommes partis à la conquête du monde, dans le but de faire connaître notre magie, leur inquiétude a doublé. Je peux le comprendre, bien entendu. C'est pourquoi je m'étais promis de toujours sourire, y compris lorsque mon cœur me ferait souffrir. Et aujourd'hui, je savais donc ce qu'il me restait à faire. La même chose.

Mais j'avais tant envie de me venger que me calmer et rester calme ne m'intéressait pas vraiment. J'avais envie de faire regretter à ces trolls puants les insultes qu'ils avaient proférés à l'encontre de mon école. Je n'oubliais cependant pas que j'étais désormais élève à Poudlard et qu'il me fallait respecter les règles de cette école qui m'offrait une nouvelle vie. La dernière, n'est-ce pas ? Car je n'étais pas idiote. Je sentais aux pulsations et aux douleurs de mon cœur, de plus en plus présentes, de plus en plus douloureuses... que ma fin approchait. Il faut dire que je ne fais rien pour l'empêcher. Bien au contraire. C'est comme si j'essayais de faire avancer le temps. Comme si j'essayais de mourir plus vite que prévu.

C'est alors que ma montre se met à sonner et instantanément, mon cœur me fit mal. Atrocement mal. Je me tiens un instant la poitrine et me dépêche, alors, d'avaler un comprimé. Je serre les dents, je relève la tête et j'affiche mon sourire menteur. Je me suis toujours dis que si l'on me voyait pleurer, je finirais par avoir encore plus mal, et que je ne serais jamais rien d'autre que de la tristesse dans la vie de ceux qui m'entoure. Et, comme je ne veux pas qu'ils me résument à de la tristesse, je ne pleure pas. Je souris. C'est la seule chose à faire. Je me dis tout ça dans ma tête en regardant le ciel, puis je déglutis un grand coup, même si ma gorge s'y oppose, et je maintiens ce faux sourire pour que Vaiana ne s'inquiète pas pour moi.

- Et si on partait à la recherche d'informations ? Allons enquêter auprès de leurs amis, auprès des élèves de leurs classes ou de leurs maisons. On trouvera forcément leur point faible et un moyen de les calmer définitivement sans risquer le renvoi ou la prison.