Park Min Ah - Lost in my mind

Once upon a time, a young girl …

« C’est une fille. »
Park Min Ah est née un jeudi nuageux comme c’est souvent le cas en novembre, dans un hôpital à quelques kilomètres de la ville dans laquelle elle allait passer ses premières années. Ce n’était ni une grande, ni une petite ville ; suffisamment grande pour être bien connectée au réseau ferroviaire pour les nombreux déplacements de son père et que les bijoux ostentatoires dont aimait se parer sa mère n’ait l’air ridicules. Suffisamment petit pour avoir cette familiarité avec les voisins qu’appréciait son père, et cette illusion d’importance dont rêvait sa mère.

Sa mère, Park Na Rim avait prévu d’avoir un fils. Il aurait été intelligent comme son père, beau comme sa mère, et sportif parce qu’il aurait été populaire. Il aurait été aimé des professeurs, de ses camarades, et il aurait eu une petite amie au lycée, dont il se serait séparé quand il aurait été admis à l’université de Séoul. Il serait allé étudier en Angleterre ou aux États-Unis pendant un an, avant de rencontrer une jeune fille belle, riche et bien élevée.
Mais Park Na Rim avait eu une fille, ce qui n’avait pas été dans ses plans. Mais elle pouvait faire avec. Sa fille serait jolie, charmante, gracieuse, intelligente (mais pas trop) et délicate.

Hélas, encore une fois, tout ne se passe pas comme prévu. Min Ah était intelligente et curieuse, et délicate si on considérait sa stature frêle, mais si elle était polie, elle était trop timide pour être charmante, trop casse-cou pour être gracieuse et surtout pas du tout intéressée par les projets de sa mère.
Et elle haïssait par-dessus tous les vêtements pastel et décorés que sa mère lui faisait porter, préférant suivre les chats errants vers leurs cachettes, grimper dans le grenier pour faire de petites expériences, ou essayer de déchiffrer, lentement puis de plus en plus vite, les livres du bureau de son père.


Ce dernier était un chimiste qui travaillait dans différents laboratoires de Corée, mais il avait grandi dans un petit village, et la nature lui manquait. Park Jin Wok adorait sa fille, et les week-ends où il rentrait, et ou sa mère prévoyait différentes activités avec ses amies de ses différents cercles, père et fille partaient explorer de nouveau endroits. Parfois de petites randonnées dans les bois, ramassant en secret des trésors, d’autre fois lisant des histoire, ou en transformant les rections chimiques sur lesquelles il travaillait en charmantes histoires.
Et dans ces moments, Min Ah était heureuse.

Puis, une lettre arriva.

… met a strange witch by the woods …

« Ma fille ne va pas vivre avec… avec cette femme ! »

La femme en question mesurait une tête de moins que sa mère, ce qui ne l’empêchait pas de regarder cette dernière de haut, un sourire narquois au coin des lèvres d’où pendait une pipe blanche. Malgré toutes ses rides, sa peau était claire comme la lune, et ses cheveux, enroulés dans un complexe chignons tenus par des épingles ornés de pierres et fleurs, étaient encore brillant et noir comme de l’encre. Rapidement, elle ignora Na Rim et le responsable de Mohoutokoro et sa collègue du Ministère de la magie pour se tourner vers Min Ah et son père, et se présenta.

Mme Li était une sorcière chinoise approchant de la centaine, spécialiste en potions et ancienne magie, qui habitait au Japon depuis plusieurs années dans une grande maison traditionnelle perdue dans un coin reculé sur une ile à l’Est du Japon. Elle avait accepté de l’héberger pendant cinq ans avant qu’elle ne puisse devenir interne à Mohoutokoro quand elle aurait onze ans. Quand Min Ah lui demanda pourquoi elle avait accepté, la sorcière répondit simplement qu’elle avait l’air intéressante.

Étrangement, jusqu’à ce qu’elle rencontre Mme Li, sa mère avait été la plus partante dans cette histoire, acceptant que sa fille était une sorcière dans le plus grand des calmes, ses questions étaient rapidement devenues bien plus logistique. Envoyer sa fille pendant douze ans au Japon dans une école spéciale pour des enfants unique était préférable que de voir ses projets pour sa fille s’émietter les uns après les autres.
Son père était plus réticent, il était beaucoup plus proche de Min Ah que sa femme, et il venait d’être muté pour un poste plus fixe à Séoul. Et si l’idée de devoir habiter en ville ne le réjouissait guère, l’opportunité de passer plus de temps en famille l’avait réconcilié avec l’idée.

Mais sa curiosité mêlée avec l’enthousiasme de Min Ah avait finalement pris le dessus, et, leurs doigts fortement entrelacés, préparant leur séparation, ils s’approchèrent de Mme Li.
Min Ah mourrait de curiosité.

… “Aren’t you afraid child?” asked the witch …

« Mohoutokoro sera à présent votre maison pour les années à venir, et s’efforcera d’apporter à votre cœur, votre âme et votre magie ce qu’il lui faut pour grandir. Bon appétit à tous. »

Bien qu’elle arpentait les couloirs de l’école de magie japonaise depuis cinq ans, c’était la première fois qu’elle y dinait, rejoignant enfin le rang des « vrai » élèves de Mohoutokoro. A partir de ce soir, et pour les sept prochaine années, Min Ah aurait sa chambre au sein de ce château, et aurait accès à tous les lieux (ou presque). Un frisson d’excitation parcouru son échine.

Depuis qu’elle avait découverte qu’elle faisait partie du monde magique, tout semblait captiver la jeune adolescente qui s’émerveillait encore de tout. Durant les cinq années qu’elle avait passées entre Mohoutokoro et sa mentor, elle avait découvert tant de chose, qui n’avaient fait qu’accroitre sa curiosité. Les anciennes magies, la métamorphose et les potions l’intéressaient particulièrement, mais seulement parce que c’était les spécialités de Mme Li.

En pensant à la sorcière chinoise, le cœur de Min Ah se serra. Elle aimait la maitresse des potions comme une grand-mère qu’elle n’avait jamais eu, dans toute la patiente et la sévérité qu’elle lui accordait. Déjà, elle manquait son lit sous le toit de bois, l’odeur des ingrédients de potions, et des fumés étranges qui s’échappait de sa cuisine à toute heure, ses chats au caractère de chiens, mais toujours affectueux le soir quand elle montait se coucher, les ….

Elle se mordit la lèvre, s’obligeant à ne pas se perdre dans ses souvenir, et se força à regarder autour d’elle. Des centaines de sorciers entre onze et dix-sept ans, tous portant cet uniforme qui était unique à leur école, les couleurs de leurs maisons observables dans la doublure de leur kimono, et leurs distinctions dans les obis colorés que certains portaient à la taille.

Min Ah prit une profonde inspiration. Tout allait bien se passer.
Elle avait tellement de choses à découvrir.

… “Do I have a reason to be?” answered the girl…

« Et… que comptes tu fais après avoir obtenu ton diplôme de fin d’étude ? Tu pourrais aller à l’Université, le fils de la femme de la présidente de mon association caritative, la femme du bras droit du maire de Séoul, y est depuis deux ans. Tu pourrais le rencontrer si tu as des questions. »

Min Ah répondit par un sourire crispé, préférant garder le silence pendant que sa mère continuait de vanter les mérites du fils ou du neveu de tel ou tel membre de son association caritative. Les années que sa fille avait passé loin d’elle n’avaient visiblement pas empêcher sa mère de faire des connections, évoquant parfois sa fille « dans une école spéciale au Japon pour les élèves à hauts potentiels » ou quelque chose de semblable. Si elle avait été la première de ses parents à accepter la magie de sa fille, elle n’avait aujourd’hui plus qu’une envie, qu’elle laisse derrière elle toutes ses sottises sur la magie. Il fallait qu’elle revienne dans le monde normal, qu’elle aille à l’université puisqu’elle était intelligente pour y faire des connections et trouver un bon travail, et un bon mari.
Sans surprise, mis à part le point sur l’Université, ce n’était pas spécialement dans les projets de Min Ah. Mais malgré tout son amour pour l’univers moldu, elle se savait incapable de ne pas continuer à explorer le monde magique. Elle avait encore tellement de chose à apprendre ! Et même si elle aurait bientôt fini les classes disponibles à l’école de magie Japonaise, elle savait qu’une branche Coréenne de Poudlard avait ouvert quelques années plus tôt, et qu’ils proposaient des cours de création de potion.

Cette idée seule suffisait à faire apparaitre un léger sourire sur son visage, qu’elle cacha bien vite. Ce n’était pas quelque chose dont elle souhaitait discuter maintenant avec sa mère, son père lui, était parfaitement au courant de ses projets, et la soutenait pleinement. Chimiste lui-même, il leur arrivait de discuter plusieurs heures pendant les vacances des réactions produites par certains ingrédients, ou de la composition chimique de tel composante.

En toute honnêteté, elle avait espéré pendant un temps entrer en apprentissage auprès de sa mentor. Mais cette dernière était décédée deux ans plus tôt, laissant à sa pupille la quasi-totalité de ses biens, don sa maison de bois, imprégnée de magie. Min Ah ne comprenait pas pourquoi elle avait eu cette chance, et surtout, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’y retourner depuis les derniers jours qu’elle y avait passé en compagnie de Mme Li. Le seul souvenir qu’elle avait ainsi d’elle était un corbeau hautain qu’elle lui avait offert au début de sa cinquième année, et une longue épingle en bois sculptée, incrustée de pierres de lunes et imprégnée de magie. Elle la portait tous les jours, fixant religieusement son chignon avec chaque matin comme Mme Li avait l’habitude de le faire.

C’était Mme Li qui, quelques jours avant sa mort, lui avait envoyé les brochures pour le cursus de Création de Potion, à Poudlard Korea.
Oui, c’était ce qu’elle allait faire.

… And the witch smiled.