eun jae - apex predator

liabilité

avec un papa sorcier et une maman moldue, eun jae n’a pas pu échapper à ce qui lui semblait un cauchemar, une école moldue. du haut de ses 6 ans, eun jae n’était pas une enfant très bavarde, préférant souvent observer silencieusement.
“présente-toi à la classe.” demande la professeure.
non. pense eun jae.
mais tout le monde la regarde, attendant tous le premier mot qui sortirait de sa bouche, et les regards insistants la rendaient tout aussi mal à l’aise. eun jae détestait avoir à s’exprimer, avec passion. et pour cause.
“je m’ap- je m’appe- m’appelle oh eun j- eun jae”
fou rires. attendus, prévisibles.
la gamine était incapable d’aligner une phrase sans bégayer. le médecin dit que c’est pas grave, que ça s’en ira sûrement en grandissant. en attendant, eun jae préfère rester silencieuse, hocher la tête pour dire oui, la secouer pour dire non. et quand on lui demande plus de détails, elle hoche les épaules, exaspérée qu’on puisse encore chercher à lui faire la conversation.

un an plus tard, elle et sa famille déménagent à séoul, pour le travail. la famille se lie tout de suite d’amitié avec ses voisins, une famille de sorciers sang-purs (“je ne pensais pas que ça existait encore, à notre époque !” s’étonne son père, le verre de vin de trop à la main). les kim sont chaleureux, ouverts d’esprits et invitent souvent les oh à dîner avec eux.

eun jae rencontre yoon ji.
sa voisine a un an de moins qu’elle, mais elle se tient déjà avec une telle prestance qu’on croirait qu’elle a vécu plusieurs guerres. et pourtant, à aucun moment elle ne cherche à rabaisser eun jae, ni même à essayer de la faire parler. elle accepte le fait qu’elle préfère ne rien dire, et se contente juste de lui raconter tout ce qui lui passe par la tête en lui faisant visiter sa chambre et en lui montrant ses nouveaux jouets, cherchant parfois une approbation sous la forme d’un hochement de tête. et ça lui suffit.
eun jae apprécie rapidement yoon ji.
elles se rejoignent souvent dans le parc en bas de la rue, pour monter sur les balançoires et se courir après dans l’herbe.
et puis un jour, alors qu’elles jouaient au loup, yoon ji saute du trottoir en riant.
eun jae voit les voitures s’approcher rapidement sans avoir l’intention de ralentir, et panique.
“a-attention, v-voi… voitures!”
le son de sa voix gèle yoon ji sur place, et les voitures passent devant son nez.
quand elle se retourne, elle a sur le visage le plus grand sourire qu’eun jae ai jamais vu.

eun jae lui raconte tout. pourquoi elle déteste parler, comment elle finit toujours la risée des classes dans lesquelles elle se retrouve. yoon ji lui dit qu’elle a la plus jolie voix qu’elle ai jamais entendue.
eun jae se dit que si c’est avec elle, ça ne la dérange pas tant que ça de parler, au final.

eun jae se souvient de son premier jour à poudlard.
elle avait passé les vacances d’été chez l’orthophoniste à essayer de se débarrasser de ce bégaiement, et avec succès. le médecin avait raison au final, en grandissant, eun jae a réussi à s’en débarrasser.
elle n’avait pas vu yoon ji de tout l’été, mais elle savait que son amie aussi était transférée depuis maho no tokoro à poudlard cette année. elle avait hâte de lui montrer ses progrès.

“gryffondor !”
le choixpeau s’exclame. la table des lions rugit d’applaudissements alors qu’eun jae va les rejoindre. elle se sent directement à sa place parmi les rouges, et on la met à l’aise aussitôt aussi. pour la première fois, elle arrive à se détendre, à faire la conversation, et elle se dit qu’oh eun jae, l’enfant mal dans sa peau, est morte. elle est une nouvelle eun jae désormais, et personne n’a à savoir qui elle était avant d’arriver dans ce château.
pour une fois, eun jae se sent en contrôle. et c’est jouissif.

“serpentard !”
elle relève la tête vers le podium et aperçoit sa seule liabilité. yoon ji, qui lui sourit à pleine dents en descendant rejoindre sa table. yoon ji, la seule personne ici qui sait tout sur elle, et qui pourrait potentiellement tout détruire.

danger.