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feat park minah

Soojung venait d’emprunter tout un tas de livres de la bibliothèque. Elle avait fini tous les autres ouvrages qu’elle avait empruntés la dernière fois, et elle n’aimait pas aller chercher les livres un par un – ce pourquoi elle en prenait toujours une dizaine, qu’elle rangeait à côté de son lit, dans une pile plus ou moins organisée.
Elle poussa la porte de sa chambre du bout du pied, remerciant silencieusement l’une de ses camarades de chambre de l’avoir laissée entrouverte. La brune déposa le tas sur son lit, faisant un rapide tri, pour choisir le livre qu’elle allait commencer à lire. Son choix se porta sur un manuel de l’école, traitant des potions, son sujet favori. Sans plus attendre, elle s’installa sur son lit et dévora les premières pages du manuel, essayant de mémoriser le plus d’informations possibles. Ses yeux glissaient sur les mots, et on pouvait l’entendre répéter des noms de composants, des noms de certaines potions ou des effets de temps en temps. Tout semblait faire sens pour elle, et elle visualisait presque parfaitement toutes les étapes énoncées dans le livre.
Au bout d’un certain temps – une demie heure, une heure, elle ne savait pas exactement pendant combien de temps elle avait lu -, elle releva la tête. Soojung referma le livre et le posa délicatement sur son lit, de sorte à pouvoir le retrouver facilement quand elle voudra poursuivre sa lecture. C’est à cet instant qu’elle remarqua la présence de l’une de ses camarades de chambre, Minah – de loin l’une de ses camarades préférées, puisqu’elle partageait le même amour des potions. « Oh, Minah ! Tu as lu des choses intéressantes, récemment ? »

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Ft. Cha Soojung

« Je sépare deux amants, sans que nul ne puisse me toucher,
j’ai toujours une longueur d’avance sur ceux qui voudraient me dépasser. »

Face à l’aigle de bronze qui venait de prononcer une nouvelle fois l’énigme pour la huitième année qui venait d’arriver en haut de la tour ouest, un attroupement d’une demi-douzaine de premières années fixaient leur ainé avec espoir. Coincé ici depuis près d’une demi-heure, les adolescents semblaient désespérés, incapable de percevoir le malaise de Min Ah face à tant d’attention. L’un d’eux, un jeune homme avec un grain de beauté assez distinctif sous la lèvre, avait même les larmes aux yeux, bien que la jeune femme n’était pas certaine que cela soit lié à l’énigme, plutôt qu’au cri strident et moqueur qu’avait lancé Zhen quand il avait aperçu l’attroupement et qui avait fait sursauter le petit groupe. Le corbeau, perché sur son épaule comme sur un trône, parcouru les étudiants d’un regard hautain avant de frotter son bec contre les cheveux de sa maitresse.

Retenant une grimace face à l’impolitesse de son ami, la jeune femme tendit maladroitement un mouchoir au premier année avant de répondre à l’énigme, ouvrant finalement la porte de la salle commune. Glissant quelques mots d’explication, elle profita de la distraction qu’apporta l’un de leur camarade au piano pour s’échapper dans son dortoir.

Grondant à mi-voix Zhen pour son comportement -ce dernier l’ignora, continuant de jouer avec ses cheveux- elle poussa finalement la porte de son dortoir avec un soupir de soulagement. Levant les yeux, elle aperçue sa voisine de lit plongée dans un ouvrage de potion, ce qui ne manqua pas de faire apparaitre un léger sourire sur son visage.

C’était cet intérêt commun pour les livres et les potions – comme pouvait en témoigner l’espace autour de leurs lits respectifs, si nul ne pouvait le qualifier de désordonné, les piles de livres et de revues diverses en faisait un terrain miné dans lequel il était dangereux de s’aventurer sans un Lumos au bout de sa baguette au milieu de la nuit- qui les avaient rapproché lorsque Min Ah avait rejoint les Serdaigles au début de l’année précédentes afin de poursuivre ses études.

Décidant de laisser sa cadette tranquille, la huitième année posa sa sacoche sur son lit, avant de se diriger vers la fenêtre pour faire sortir Zhen, qui lui picora une dernière fois la tête avant de s’envoler d’un battement de plumes sombres. Puis, elle ôta ses chaussures afin de s’assoir en tailleur sur son lit, et se plongea dans des calculs Arithmantiques, ne relevant la tête que quand elle entendit la voix de Soojung.

« P-Professeur Kim m’a conseillé un livre sur -euh, sur la préparation des ingrédients. Je ne l’ai pas encore terminé, mais je le mettrai de ton côté quand j’aurai fini. Répondit-elle en posant son crayon, elle se tapota une ou deux fois les lèvres avant de reprendre, ses sourcils se fronçant légèrement. E-Et-Et un roman écrit par un sorcier météorologue, l’hi-histoire est bien, et il y a beaucoup de -euh de détails sur les sorts météorologiques. »

Se redressant sur son lit, Min Ah chercha du regard le livre en question. Ne le trouvant pas, elle se leva pour enquêter sur plusieurs piles plus lointaines, finissant par extraire triomphalement l’ouvrage de l’une d’entre elles et le tendre à Soo Jung pour qu’elle puisse lire le résumé par elle-même. La laissant prendre son temps, l’ainée se rassis sur son lit ajoutant un dernier commentaire à sa première critique.

« L’héroïne est u-un peu clichée, mais les a-autres per-personnages sont vraiment intéressants ! »

Elle s’étira, rangeant les feuilles volantes qu’elle avait laissé sur la couverture en une pile nette sur sa table de nuit avant de se retourner vers sa voisine :

« Tu as r-réussi à finir ce l-livre que tu avais co-commencé le mois dernier ? »

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Elle hocha la tête, appréciant le fait que Minah propose de lui prêter le livre quand elle l’aura terminé. « D’accord, merci ! La préparation des ingrédients, c’est vraiment la base en potions, ça doit être vraiment intéressant à lire. » Soojung inclina la tête à la mention du livre écrit par un sorcier météorologue, se demandant si elle n’en avait pas déjà entendu parler quelque part. Ça ne pouvait qu’être intéressant si les sorts météorologiques y étaient détaillés. Bien qu’elle ne soit pas experte en lancé de sortilèges, elle appréciait tout l’aspect théoriques des sortilèges, et ne refusait jamais des explications.
Elle suivit son aînée du regard, réfléchissant toujours à ce qu’elle avait entendu dire au sujet de ce roman. Au moment où elle décida d’abandonner cette recherche, Minah lui tendit le livre, qu’elle attrapa directement, la remerciant avec un petit hochement de tête. Ses yeux parcoururent la quatrième de couverture, lisant le résumé. En effet, les quelques informations données sur l’héroïne laissaient penser qu’elle était assez cliché, mais si Minah trouvait le roman intéressant, c’est qu’il l’était. « D’accord, je vais le lire alors ! » La brune fronça les sourcils un instant, puis se tourna vers l’une des piles à côté de son lit. Elle saisit l’un des ouvrages posés sur le dessus, et se leva de son lit, pour le donner à son aînée. « C’était un peu compliqué de rentrer dedans au début, mais finalement, c’est assez agréable à lire ! C’est le récit des aventures de deux écolières moldues qui se retrouvent confrontées au monde magique malgré elles. Peut-être un peu trop fleur bleue à mon avis, mais la romance est bien construite, et on s’attache assez facilement aux personnages. » Elle se rassit sur son lit, lissant la couverture avec sa main.

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Min Ah remercia la Serdaigle d’un léger sourire, avant de parcourir brièvement le résumé des yeux, hochant presque imperceptiblement la tête au fur et à mesure que les mots défilaient, mais ne pouvant dissimuler une grimace. Elle ne doutait pas des goûts de Soojung, les deux filles ayant échangés des douzaines de livres depuis son arrivée en septembre, mais elle devait avouer que sans son avis, elle n’aurait jamais été au-delà de la quatrième de couverture. Cette dernière était évasive sur certains point, vagues sur d’autres et ne présentait l’intrigue d’aucune manière, ce qui eut sûrement pour conséquences de faire reposer à bien des gens l’ouvrage sur l’étagère.

« J-je peux te l’emprunter ? »

Étrange selon certaines personnes, mais beaucoup plus évident quand on la connaissait un peu, Park Min Ah prenait les romans comme de véritables livres de théorie sur le comportement humain.
Timide depuis toujours, elle était une enfant qui préférait les livres à ses camarades, et plus spécifiquement les lourds tomes de chimies, pleins de mots occidentaux de plusieurs syllabes, difficiles à prononcer. Mais elle apprenait des choses. Elle pouvait comprendre pourquoi, et comment l’intérieur de la bouilloire devenait blanc. Comment fonctionnaient les produits que sa mère rangeait en hauteur dans le cagibi, et pourquoi elle ne devait pas y toucher.

C’est son père qui lui avait expliqué qu’elle devait lire autre chose (et cela ne voulait pas dire les livres de mathématiques et de physique qu’il gardait dans un carton sous son bureau avait-il précisé avec un sourire). Des histoires d’humains, d’animaux, de choses réelles ou non. Car sans ça, elle ne pourrait jamais penser hors de la boite. Elle ne pourrait jamais comprendre pourquoi la Unnie de la maison d’à côté avait l’air triste quand elle marchait derrière un couple d’étudiant de son lycée (Jalousie. Tristesse.). Ni pourquoi les deux garçons devant elle dans sa classe allaient toujours embêter les jumeaux au deuxième rang (Amour. Envie.). Ou pourquoi l’Ajusshi près du café criait parfois sur les passants (Colère. Douleur.).

« Je suis ren-rentrée dans le m-monde magique assez -euh- assez jeune. se surprit-elle à raconter, comblant le silence qui s’était installé. Elle senti ses joues rosir, peu habitué à parler d’elle, mais continua. S’arrêter là était plus étrange que continuer. J-je pense qu-que j’avais pas vraiment complètement conscience de -euh- de tout le … le changement ? Enfin, je veux dire, enfin … Je-j’aime beau-beaucoup les histoires de personnes d-découvrant le -euh- le monde magique. C’est -euh- presque comme si je -euh- je p-pouvais revivre ce…ces moments ? »

Une couleur bien plus vive était montée au visage de la huitième année, qui fixait son drap bleu avec bien plus d’intensité que nécessaire, bien plus gênée qu’elle n’avait raison de l’être, mais sans arriver à s’en convaincre complètement. Se forçant à desserrer sa main qui avait entouré le livre comme une serre, elle prit une profonde inspiration avant de relever la tête adressant un sourire timide et gênée à la fois à sa cadette.

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Soojung hocha une nouvelle fois la tête, confirmant à son aînée qu’elle pouvait lui emprunter ce livre. Après tout, ce n’était pas son livre, puisqu’elle l’avait emprunté à la bibliothèque, et puis, elle savait l’objet entre de bonnes mains. Ce n’était pas à n’importe qui qu’elle aurait cédé aussi facilement un livre. Bien que ce ne soit qu’un objet, avec peu de valeurs pour certains, c’étaient des objets très importants à ses yeux. Ils l’aidaient un peu à comprendre le monde, ils lui apprenaient des secrets, leurs secrets, et leur contenu était aussi important pour elle que l’Histoire avec un grand H, parce qu’un jour, ces livres aussi feraient partie de l’Histoire.
La brune avait baissé les yeux sur ses pieds, repliés sous elle, de sorte à ce qu’elle soit assise en tailleur sur son lit. Elle commençait à se perdre dans ses pensées, quand la voix de Minah la ramena à la réalité. Découvrir le monde magique. Elle n’avait jamais eu la chance de le découvrir à proprement parler. Elle l’explorait et découvrait de nouvelles choses tous les jours, certes, mais elle avait toujours vécu entourée de magie, dans la magie. Cela la chagrinait un peu, parce qu’elle ratait peut-être quelque chose. « Je n’ai jamais vécu ça. » La sixième année avait parlé d’une façon un peu sèche, qui n’était pas volontaire. Elle leva donc la tête vers sa camarade de chambre, lui lançant un petit sourire timide, pour lui montrer qu’elle n’était pas fâchée – plutôt triste, à vrai dire. « Je ne sais pas ce que ça fait, de découvrir le monde magique. Elle fronça légèrement les sourcils, une habitude qu’elle avait de temps en temps, quand elle réfléchissait ou que quelque chose l’embêtait. Comment c’est, de découvrir le monde magique ? » Elle inclina légèrement la tête sur le côté, essayant de maintenir un contact visuel direct avec Minah, sans réussir à totalement la regarder dans les yeux en continu.

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La question laissa un silence dans la pièce. Pas un silence gênant, loin de là, mais il s’agissait de souvenirs lointains, et d’émotions complexes et dans cet univers que constituait leur chambre, à la fois si petit et si vaste, les souvenirs étaient plus faciles à partager.

Min Ah fronça légèrement les sourcils, se replongeant dans son passé, cherchant comment poser des mots sur les évènements, et les sentiments qui l’avaient habité plus d’une décennie auparavant. C’était sûrement la première fois qu’on lui posait la question. Qu’on lui posait sincèrement la question. Pas de haut, de la part de vieux sorciers qui semblaient mépriser sans même sans apercevoir le monde dans lequel elle était née, ou qui semblait vivre dans l’illusion de l’avoir sauvé d’un destin terrible, et qui attendait d’elle de l’émerveillement et de la reconnaissance.

« J’étais très jeune. Commença-t-elle d’une voix pensive, trop occupée à ignorer le ridicule d’une étudiante même pas majeur parlant de ses « jeunes » années pour bégayer. Après une légère pause, elle expliqua :certains élèves peuvent aller à Mahoutokoro dès leur sixième anniversaire, en temps qu’externe. Mais comme l’école est vraiment loin de chez mes parents, et qu’il est difficile pour un Pétrels-Tempête géant de faire des allers-retours tous les jours jusqu’à une maison moldue, je vivais chez une maitresse des potions pendant l’année. »

Elle essaya de ne pas penser que l’anniversaire des deux ans de la mort de Mme Li approchaient. A cette sorcière centenaire, à l’esprit libre, a qui personne n’avait jamais pu forcer la main, et qui l’avait considérée comme la petite fille qu’elle n’avait jamais eu depuis le jour où elle était rentrée chez elle.
C’était Mme Li, plus que Mahoutokoro qui lui avait fait découvrir la magie (même si, l’école de magie japonaise, tout comme Poudlard avait quelque chose de fascinant et de fondamentalement magique qui rendait l’expérience unique). Qui lui avait expliqué les règles, celles qui régissaient cette partie d’elle dont elle ignorait jusqu’à présent l’existence, et celles qui régissaient le monde des sorciers dont elle était un membre légitime depuis sa naissance.

« C’est… c’est... Min Ah fronça une nouvelle fois les sourcils, cherchant ses mots, ses doigts traçant lentement, sans qu’elle s’en aperçoive des motifs sur la couverture du livre qu’elle avait sur les genoux. Elle termina finalement sa phrase avec une légère grimace, peu satisfaite de l’adjectif trouvé, mais incapable de faire mieux. Écrasant. T-tout est nouveau e-et inconnus. Les règles, les gens n-nous même. Il f-faut tout réapprendre, t-tout découvrir. »

Culture, mode de vie, faune, flore, et même la langue, ou l’utilisation des mots était différent, et possédait un poids et une symbolique complètement nouvelle. Il y avait tellement, tellement de chose à découvrir. Mais tellement de faux pas possible.

Reposant ses main, et levant les yeux pour croiser le regard de Soojung, elle conclue :

« C’est merveilleux, et effrayant à la fois »

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Soojung avait vaguement entendu parler du programme spécial de Mahoutokoro, qui permettait à des élèves plus jeunes d’être externes à l’école. Elle ne savait pas que Minah avait bénéficié de ça, ou alors, elle n’avait pas retenu cette information. Une chose est sûre, elle trouvait ce système très intéressant, et comprenait un peu mieux pourquoi son aînée était autant douée et intéressée par les potions – après tout, si elle avait vécu chez une maîtresse des potions, c’était un peu logique. La brune n’osait pas intervenir ou poser d’autres questions, attendant patiemment que Minah ait terminé de dire ce qu’elle avait à dire. C’était très intéressant à ses yeux, et elle ne voulait pas la couper, la perturber, et elle ne savait pas trop quoi dire non plus pour le moment.
Tout réapprendre, tout découvrir. C’était un concept étranger à Soojung. Découvrir la magie ? Découvrir les codes qui régissaient tout ça ? Elle avait du mal à visualiser la chose, à se mettre à la place d’une personne découvrant tout ça. Elle avait toujours vécu dedans, pour elle tout faisait parfaitement sens. Mais en écoutant ce que l’autre Serdaigle avait à dire, elle pensait être en capacité de commencer à comprendre. Lentement, mais sûrement. « Tu ne savais rien du monde magique avant d’aller à Mahoutokoro ? » La sixième année se demandait comment on pouvait bien vivre sans prendre conscience de la magie, sans même s’en servir un tout petit peu. « J’ai dû mal à comprendre comment les moldus ne peuvent pas se rendre compte de la magie. Même si on met tout en œuvre pour séparer nos deux mondes, il y a toujours un peu de magie chez les moldus, non ? » Ils avaient bien inventé des téléphones, des télévisions, et tout un tas d’objets électroniques qui, aux yeux de Soojung, ne pouvaient pas fonctionner sans un peu de magie.

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Il y avait quelque chose d’étrange de parler ainsi de ces deux mondes. Pas forcément mauvais, juste … étrange. Ce n’était pas quelque chose qui venait facilement dans les conversations, même après tant d’années de transition et d’ouverture sur le monde moldu de la part de la communauté magique. Mais pour un grand nombre d’entre eux, la magie était quelque chose de tellement évident, de tellement acquis qu’il était difficile de son projeter au-delà de cet état d’esprit.

« Les deux m-mondes vivent loin l’un de l’autre, » déclara la Serdaigle, son regard sombre se perdant dans le ciel qu’on pouvait apercevoir à quelque mètres à peine, de l’autre côté de la fenêtre entrouverte. Regrettait-elle ce fait ? Oui, non, peut être… c’était une question délicate, car le Code International du Secret Magique, malgré les nombreuses modifications des dernières années lui empêchait de parler de son quotidien et de sa vie à Poudlard comme à Mahoutokoro comme elle l’aurait voulu. Maintenant qu’elle était adulte, ils n’étaient certainement plus le bienvenu sur le chemin de traverse comme ils avaient pu l’être lors de ses premières années, et elle le nombre de chose qu’elle avait le droit de laisser sans protection magique spécifique dans leur domicile était toujours incroyablement réduit. Elle savait également qu’ils avaient du mal à savoir où elle en était, et ce que ses études allaient donner, bien que la projetant comme étudiante de chimie dans une université lointaine -l’explication qu’ils donnaient à leur proche- était assez proche de ce qu’elle faisait, mais ce n’était pas la réalité. Elle n’aurait certainement jamais à subir les tentatives de sa mère de lui trouver un petit-ami, parce qu’ils savaient tous les trois qu’elle n’avait aucun moyen de cacher subtilement la moitié de sa vie, ni l’attention de tous les voisins : ils ne l’avaient pas vu plus de quelques semaines de suite depuis ses six ans. Mais elle savait aussi qu’elle ne pourrait jamais aller s’asseoir dans le vieux fauteuil du bureau de son père pour lui parler de ses expériences en potion, lui demander son avis de chimiste sur la question, ni leur faire visiter aucune de ses écoles.

Elle détourna finalement le regard de la fenêtre, adressant un pâle sourire à sa voisine, elle reprit, tachant de chasser les pensées noires qui lui envahissaient l’esprit : « I-Il n’est pas im-impossible que je -euh- sois la seule sorcière de ma ville, ou tout du moins j-je n’en connais pas d’autre. Elle s’arrêta une nouvelle fois, retirant la baguette de bois sculpté qu’elle utilisait pour tenir ses cheveux, qui tombèrent en cascade autour de son visage. Elle la fit tourner une ou deux fois entre ses doigts avant de reprendre. Mon…Mon père raconte qu’il me r-retrouvait avec des livres censés être dans une-une armoire fermée à c-clef, ou tout en haut des -euh- des étagères. Rétro-rétrospectivement ma-ma ma magie était sûrement à l’œuvre, maisi-il était p-plus simple de p-penser qu’ils a-avaient m-mal ranger le-le livre. D-dans leur monde, c-c’est beau-beaucoup plus probable que-que de penser que leur fille est-est une sorcière. »
Et pourtant.

Un nouveau silence. Les sentiments qui habitaient Min-Ah à ce sujet étaient divers et complexes. Elle savait qu’un grand nombre de nés-moldus s’éloignaient de plus en plus de leur famille, coupant même les ponts dans certains cas. Dans la volonté des Ministères de la Magie d’accueillir avec autant d’honneur les sorciers de toutes les origines, ils avaient oublié que certains avaient des racines lointaines, et se sentirai à jamais tourmenté par cette dualité, jusqu’à ce qu’ils choisissent.
Aurait-elle été quelqu’un d’autre, Min Ah aurait peut-être été en colère, mais ce n’était pas le cas. Penser à tout ça l’emplissait plutôt d’une tristesse mélancolique, et la faisait songer à la vie qui aurait pu être la sienne.

Elle reprit à nouveau, ses paroles, à l’image de ses pensées, moins distinctes qu’elle ne l’aurait voulu : « Les …. Les moldus ont trouvés des m-moyens d’expliquer leur réel par des l-lois et d-des effets, et-et de -euh- de le maitriser. Est-ce qu’une pa-partie de cela e-est de la m-magie s-sous un autre nom, o-ou pas ? Je -euh- je ne sais pas, m-mais c’est p-plus rassurant. E-Et puis ça leur a p-permis de progresser d-dans d’autres do-domaines. »

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Les deux mondes vivent loin l’un de l’autre. Soojung avait du mal à comprendre cette différence et cet écart entre les deux mondes. Ce qui était normal, puisqu’elle n’appartenait strictement qu’à un seul monde, celui des sorciers. Et même si elle avait conscience de la magie, au contraire des personnes qui ne vivaient que dans le monde moldu, cela rendait certainement cette compréhension encore plus difficile. Après tout, les moldus n’avaient aucune idée du fait qu’un autre monde pouvait exister, encore moins un monde magique, et encore moins un monde tout près du leur. Pour eux, ce n’était que de la fantaisie, de l’imagination. Enfin, c’est ce que pensait la Serdaigle. Pourtant, malgré cette difficulté à comprendre cette frontière parfois floue entre les deux mondes, elle était plus qu’intriguée, et désireuse de pouvoir totalement saisir la situation.

Elle baissa les yeux, cherchant du regard le livre que lui avait prêté Minah. Elle le saisit, et se mit à tourner les pages, écoutant toujours attentivement les paroles de son aînée. « Ah… Je crois que je commence à comprendre. Elle fronça les sourcils, réflexe qu’elle avait parfois lorsqu’elle réfléchissait. Ce qui est magique, ils l’expliquent autrement, c’est ça ? Ils ne comprennent pas la magie ? » La brune essayait de trouver le penchant sorcier de cela, de trouver quelque chose que les sorciers expliquaient par de la magie ou autre chose de l’univers magique, mais elle n’en trouvait pas. « Et j’imagine que c’est pareil pour les sorciers… Nous aussi, il y a des choses qu’on explique par la magie, alors qu’en réalité, c’est autre chose ? » Elle n’était pas persuadée de cela, puisque pour elle, tout faisait parfaitement sens, et les sorciers comprenaient très bien le monde, mais peut-être que justement, ils comprenaient de travers. Elle avait déjà lu quelques ouvrages qui abordaient le cerveau et l’imagination, et elle se disait qu’un individu pouvait facilement croire quelque chose de complètement faux, qu’il soit moldu ou sorcier.

Soojung hocha lentement la tête, montrant à Minah qu’elle avait compris ce qu’elle venait de dire – ou qu’en tout cas, elle essayait de comprendre et d’assimiler. « C’est vrai qu’en y réfléchissant… Ils ont développé toute une technologie que nous n’avons adaptée que plus tard. Les téléphones, réseaux sociaux, et autres... » Elle-même n’était pas encore très à l’aise avec tout cela, préférant communiquer avec des lettres et des hiboux plutôt que par les messageries électroniques.
Une question lui brûlait les lèvres. Elle ne savait pas si elle avait vraiment le droit de la poser, mais elle se dit que si la question dérangeait son aînée, elle n’y répondrait tout simplement pas. « Et… Tu préfères quel monde ? Enfin, dans quel monde tu es le plus à l’aise ? »

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Pour la première fois depuis longtemps, Min Ah avait l’impression d’être habitée par une forme de sérénité et de calme, apaisant ses pensées tourbillonnantes et ses angoisses. Avoir enfin l’opportunité de parler des deux mondes étaient quelque chose de beaucoup moins fréquent qu’il n’aurait été nécessaire : la plupart des habitants du monde magique n’avaient qu’une connaissance réduite ou erronée de celui de leurs compatriotes, tandis que les nés modlus, de par l’incompréhension de leurs proches non-maj et du besoin d’intégration dans ce nouvel univers avaient souvent tendance à embrasser autant que possible leur côté sorciers.
Mais les deux mondes faisaient partie d’eux, et c’était surement également le cas pour le reste du monde magique, qu’ils en aient conscience ou non. Et cela rendait tout cela bien difficile a comprendre.

« Imagine, commença-t-elle, une idée soudaine lui traversant l’esprit, imagine que des Hommes avec des ailes… des-des anges existent. Ils ont leur propre société, leurs propres règles, leur propre magie, et se sont séparé des sorciers il y a bien longtemps et vivent depuis sur … sur les nuages, et aucune trace de leur existence n’existe encore, sauf d-dans d’anciennes légendes. »

La huitième année fit une légère pause pour reprendre son souffle, et laisser quelques secondes à sa camarade pour imaginer la situation. Elle reprit :

« Même si tu en voyais un, même sans prendre en compte la possibilité de modifier les souvenirs, tu penserai surement que c’est simplement un oiseau ou une créature magique, l’effet d’un sortilège ou d’une potions mal connue, ou tout autre explication plus logique que d’imaginer qu’une population entière d’ange vivrait au-dessus de nos têtes depuis tout ce temps. Les moldus n’ont aucune référence sur le monde des sorciers, et aucune manière de pouvoir obtenir des informations sur ce dont ils peuvent être témoins.

Et je pense que de la même manière, l’ignorance de la plupart des sorciers sur le monde moldu, et l’habitude du monde magique de tout expliquer par la magie… Elle ne put empêcher une légère grimace d’étirer ses lèvres à cette critique pourtant bien réelle. Min Ah avait étudié la chimie à un niveau universitaire bien plus élevé que n’importe quel élève de son âge, grâce à son père, et savait ainsi qu’un grand nombre de réactions chimiques ayant lieu dans les potions était ainsi purement et simplement chimiques : la magie liée aux ingrédients et à la solution était bien réelle, mais ne constituait finalement qu’une part du résultat final. En potion par exemple. Et j’imagine que les sorciers ont ainsi tendance à ne pas s’intéresser aux moldus, puisqu’ils n’ont pas accès à ce p-pouvoir ? »

Min Ah devait avouer ne pas forcément bien connaitre -ou comprendre d’ailleurs- le point de vue des sorciers sur les moldus, leurs sentiments allant de la haine à la fascination, en passant par le dédain et la condescendance.

La question la laissa songeuse, et, imitant sans en avoir conscience son amie, la jeune coréenne se plongea dans ses réflexions en fronçant légèrement les sourcils.

« J-je ne sais pas. avoua-t-elle finalement, retrouvant dans son ignorance sa timidité habituelle. Elle hésita à reprendre, avant de continuer dans un murmure : J’ai parfois l’impression de n’avoir de place dans aucun des deux mondes. »